…un coming-out…

hello les zamis,

je sors de mon plaid/canapé/cheminée pour réagir à certains débats enflammés qui agitent le web depuis l’annonce du cancer de dominique bertinotti:

récupération politique crient certains,

témoignage pour faire avancer la reconnaissance sociale de la maladie crient d’autres,

comme tout pavé dans la mare, les réactions opposées, parfois virulentes, ont quand même le mérite de faire parler de la maladie mais font-elles avancer le débat? j’ai dit hier qu’il n’est pas question de politique ET JE LE PENSAIS. votre chroniqueuse préférée a néanmoins choisi de creuser la presse afin de pouvoir corréler cette annonce à d’autres tout aussi célèbres. je passe donc sur le silence oncologique de mitterrand…

angelina jolie a annoncé sa double mastectomie préventive il y a peu. avec pudeur et sans faux semblants. en annonçant d’emblée la couleur “j’ai beaucoup de chance”. elle ne faisait pas référence à la perte simultanée de ses deux nichons bien sûr mais plutôt à son compte en banque qui lui permet de s’en offrir 2 autres de belle facture et qui lui offre un train de vie que tout malade lui envie.

toussa pour en arriver où? il n’y avait pas de politique là dedans, tout juste un message qui disait: faites vous dépister. c’est pas que mémère nous a donné de grandes leçons de courage, pas du tout, elle a expliqué vouloir faire progresser le dépistage et briser le tabou de la maladie chez les stars. elle a réussi, le monde entier a loué son courage, son image de bombasse n’a même pas été égratignée et son gros chèque en faveur d’une assoce qui aide les femmes malades démunies a clôturé le débat.

voilà une communication qui me touche.

en revanche, en lisant le témoignage de machine, je me sens…presque insultée. si. je vais essayer de vous expliquer mais bon, avec mes mots à moi, hein? chuis pas ministre…

entre les lignes, et ça n’engage que moi, c’est pff vous êtes malades mais bon, continuez à bosser, vous verrez c’est pas fastoche mais on y arrive:

alors je te réponds ma vieille que quand on fait la queue nulle part, qu’on a un chauffeur, une femme de ménage, un assistant personnel, une cuisinière et tutti quanti, c’est quand même vachement plus facile…parce que prendre le tram avec la gerbe, je suis sûre que ça en rebute plus d’une, ministre ou pas et qu’au bout d’un moment, tu jettes l’éponge et tu vas plus bosser.

alors je te réponds ma vieille que tu as voulu taire ta maladie pour ne pas être discriminée, OK, mais alors pourquoi l’ouvrir maintenant? pas pour nous donner une leçon tu dis? ah…OK…c’est pas ce que t’as voulu dire? ben sorry, mais ça y ressemble…

alors que je te réponds ma vieille que tu parles pour aider à lutter contre les inégalités? mouhahhahahhahahahaha pardon mais je me fait pipi dessus de rire….c’est l’hôpital qui se fout de la charité! tu as été soignée incognito peut-être? par le premier interne qui passait par là? tu as patienté à poil dans un couloir pendant 1h30 enduite de bétadine??? MON CUL!

évidemment, mes arguments sont petits, limites mesquins, j’en conviens. mais combien de malades pensent comme moi? 

combien de malades (re)pensent à leurs parcours de soins en lisant ses lignes? parce qu’on ne peut s’empêcher de s’identifier quand quelqu’un partage son histoire. ton job te permet d’alléger ton emploi du temps? mais wake up putain, la majorité des malades ne vit pas au pays des bisounours!!! soit tu bosses normal, soit tu te fous en arrêt et tu touches tellement 3 radis et 2 queues de cerises que ta perruque, t’oses même pas la mettre de peur de l’abîmer.

bon, je vais arrêter là, je crois que je suis en train de m’énerver. en conclusion, je ne crois pas et pense pas qu’en faisant ça madame bertinotti aide la cause des malades, je pense qu’elle aide plutôt la sienne.

alors ma vieille, je salue ton combat évidemment et je te souhaite une guérison totale bien entendu. mais je te la souhaite à toi dominique, et je te plains en tant que femme mais sûrement pas en tant que ministre. et si tu nous avais parlé en tant que femme, tu aurais parlé différemment, j’en suis sûre: 

tu aurais sûrement évoqué les matins où tu as juste envie de te foutre en l’air tellement tu souffres,

tu aurais sûrement évoqué tes converse qui te sauvent quand tu peux même pas enfiler tes bottes,

tu aurais sûrement évoqué ce sentiment terrible que tout le monde te regarde ou au contraire, que plus personne ne te vois,

tu aurais sûrement évoqué cette épée de damoclès et sa putain d’ombre,

tu aurais sûrement évoqué l’attente de tes résultats bio en tremblant,

tu aurais sûrement évoqué tes nuits sans sommeil où la seule question est “pourquoi moi?”

tu aurais sûrement évoqué les choix quotidiens “courses ou ménage”? “tennis du lardon ou dîner avec les potes”?

tu aurais sûrement évoqué cette impression de solitude,

tu aurais sûrement évoqué la vilaine image que te renvoie la glace,

tu aurais sûrement évoqué tes larmes de désespoir…

 

je vous laisse mes amis, je dois écrire au centre anti-douleur pour quémander une consult… les gens NORMAUX ne seront pas pris avant avril 2014. Dominique, tu veux pas appeler pour moi?