je crois que ça fait longtemps que je ne vous ai pas remercié pour vos messages. ça aide à avancer. vraiment. ça aide à se sentir compris/e. ça oblige. ça donne envie de continuer, plus loin encore. ça pousse à essayer modestement de faire bouger les choses, d’aider les autres.
mais je suis toujours gênée quand vous me dites que je suis courageuse et que vos bobos sont insignifiants à côté des miens. aucun bobo n’est insignifiant à partir du moment où quelqu’un souffre. et oui, vous trouverez toujours pire, mais vous n’en aurez pas moins mal.
un baby doc racontait l’autre jour sur TW qu’il assistait un papy aux soins palliatifs, c’était une question d’heures. ils discutaient gentiment et le papy lui dit “oh ne soyez pas navré, ça pourrait être pire, je pourrais souffrir en plus”.
là où cela va faire la différence est la façon de réagir face au bobo. et oui, y’a un moment où il faut savoir se dire “bon allez…” mais ça aussi c’est vrai pour tout le monde!
prenons le célèbre exemple de la grippe d’homme. la grippe d’homme est un phénomène bien connu de nous toutes, thermomètre directement relié au samu au delà de 37.9, équipe chirurgicale au taquet voire notaire d’astreinte pour préparer le testament du sus-nommé mourant…bref, l’Homme meurt à 37.9, la Femme travaille, conduit, cuisine, lit une histoire et vide le lave vaisselle à 39°. la théorie de la relativité…adaptée à la vie conjugale 😉
pardon pour cette digression, facile je l’avoue mais néanmoins savoureuse…gnark.
la différence entre un bobo et une maladie chronique est qu’on sait que le bobo est passager. même un bobo long, même un bobo chiant, on a souvent une date de fin. le malade chronique sait qu’il est marié à vie et que les jours de répit se comptent sur les doigts d’une main. c’est décourageant.
je viens donc rebondir sur une réflexion d’une amie sur FB qui a réagit à la phrase du précédent billet ” …les malades finissent pas se taire, se cacher, mentir“. elle me dit “ça fait mal de lire ça”. c’est pourtant la vérité et c’est une constante chez les malades. chez beaucoup.
le problème est la chronicité. si je reprends mon exemple du bobo avec la grippe: c’est très pénible, la “vraie” grippe et on met du temps à récupérer. les gens vous appellent pour savoir si vous allez mieux, vous avez plein de trucs à leur répondre “ouais j’ai pu d’fièvre”, “c’est mieux mais je suis naze”, “maintenant je tousse”…toussa.
que voulez-vous répondre dans le cadre d’une maladie chronique douloureuse et invalidante? j’ai bien tenté d’élaborer un panel de réponses. vous m’avez sûrement entendu dire “écoute, ça allait pas mal mais depuis 3 jours bof” ou alors “aujourd’hui ça va mais j’ai eu un début de semaine difficile”. je peux détailler plus avec les proches qui me connaissent bien et qui me voient “vivre”. par exemple, avec l’ajustement de mon traitement par le neurologue, je tremble beaucoup beaucoup moins. alors ça, je le raconte (d’ailleurs je l’aime d’amour mon nouveau neurologue 🙂 )
mais sinon, oui, les malades finissent par mentir, taire, cacher.
parce que c’est pas drôle de dire aux zamis: “en dehors du fait que j’ai mal partout et que je suis épuisée ça va”,
parce qu’on sait très bien que c’est pas facile de réagir face à quelqu’un qui souffre alors on vous protège aussi un peu,
parce qu’on voudrait tellement avoir quelque chose, autre chose à raconter…
alors oui, de temps en temps, on ment, on se tait, on se cache…mais ma Paule, c’est ça notre “vie avec…”
bisous tous doux les zamis
PS: à la relecture de cet article, je suis effarée de constater qu’il n’y a PAS un SEUL gros mot…merde, je dois être malade…
PPS: promis demain vous aurez un billet rigolo, mon dernier massacrage d’externe, ça vous tente? ou un entretien avec la psy? tiens: au choix les potos…c’est vous les patrons!